L'évolution du matériel pour dj mix vinyles.
Au cours de son histoire, plusieurs machines ont révolutionné la musique électronique. On pense bien sûr aux boites à rythmes Roland, ou aux premières MPC de chez Akai, mais pas seulement. Au panthéon du matériel indispensable, jusqu’à une période très récente, à tout DJ se trouve également l’illustre platine vinyle Technics SL-1200. Une bête de course .
Aujourd’hui, pour jouer ses tracks, un DJ a l’embarras du choix dans le monde du digital: contrôleurs et ordinateur, platines et pourquoi pas un iPhone ou une tablette. Mais il y a une dizaine d’années, le mix était encore majoritairement synonyme de vinyles, avec un impératif pour n’importe quel DJ en herbe: avoir, un jour ou l’autre, sa propre paire de Technics SL-1200 et accessoirement savoir caler deux disques avec. Dans la Funk, le disco ou la house, , c’était comme ça. On pouvait choisir entre différents types de casques, tables de mix et même cellules, mais l’instrument du DJ, c’était la SL-1200 et rien d’autre. La concurrence a bien tenté de proposer des alternatives, parfois avec un certain succès (Vestax ou plus récemment Pioneer avec la PLX-1000) mais rien à faire, la SL-1200 reste indissociable du mix vinyle.
La courroie à Papa
Avant l’arrivée de la série Technics SL, les DJ’s devaient se contenter des platines dites “à courroie” (celles que l’on retrouve dans les chaînes hi-fi des années 80). Seulement, quiconque a déjà essayé de poser ses doigts sur ces platines sait qu’il n’y a rien à en tirer. Fin 60’s/début 70’s, mieux valait se tourner vers les modèles distribués par Matsushita (qui deviendra Panasonic et maison mère de Technics), plus perfectionnés, mais avec des défauts (notamment un manque de précision et une conception trop “légère” pour une utilisation intense). En 1970, la firme japonaise révolutionne le marché avec la Technics SP-10, toute première platine à entraînement direct, mais à destination des professionnels. Un an plus tard, Matsushita enchaîne avec la SL-1100 pour le grand public. Trop chère, celle-ci (et ses 2 boutons pour régler la vitesse) séduira tout de même les DJ’s hip-hop. L’entraînement direct, ce sont des aimants qui remplacent la courroie pour faire tourner le plateau. Comme celui-ci n’est plus solidaire de la platine, le moteur ne subit pas les manipulations (arrêt, ralentissements, lecture en arrière, etc.). Cela se traduit par une meilleure réactivité de la platine, mais aussi une bien plus longue durée de vie. En 1972, Technics franchit encore un nouveau pas. Également conçue pour le marché audiophile, la Technics SL-1200 embarque cette fois un moteur amélioré – à fort couple – qui permet au plateau d’atteindre la vitesse désirée très rapidement. À cela, il faut ajouter un lourd châssis (12,5kg) qui absorbe les vibrations et les sauts de cellules. Bref, la SL-1200 offre un potentiel inédit pour jouer avec les disques. Une légende venait de naître, mais faute de campagnes de pub, les DJ’s ne le sauront pas avant plusieurs années.
La Benz des platines vinyles
Pour l’anecdote, il faut savoir qu’au début des années 70, la SL-1200 n’est pas “techniquement” la meilleure platine à entraînement direct. Avant de passer à la SL-1100A (son modèle fétiche) puis à la SL-1200, DJ Kool Herc utilisait des modèles ultra-haut de gamme de la marque suisse Thorens: les TD 150. Ils ne les appréciaient pas vraiment, mais leur extravagance correspondait à ses performances hors du commun. Pour Grand Wizzard Theodore, qui a souvent utilisé les platines de Herc, pas de doute: « Les Technics SL étaient les Mercedes-Benz des platines, c’est vrai, mais les Thorens étaient les Lamborghini. Celles de Herc étaient des modèles industriels vraiment impressionnants. D’ailleurs, je n’ai jamais connu personne d’autre qui mixait avec ça. » Normal, elles coûtent une fortune, il faut les importer, une vraie galère… Et puis dans les années 70, Herc était l’un des seuls DJ’s du Bronx à jouer sur des platines à entraînement direct. Même quand ils sont devenus connus, des pointures comme Afrika Bambaataa et Grandmaster Flash mixaient encore sur des platines à courroie comme les Technics SL-210 et SL-2300. Certainement une question d’habitude et de maîtrise… Mais on retrouvera cette tendance chez les DJ’s hip-hop des générations suivantes. Dans les années 80, par exemple, Cash Money a débuté avec des Technics B-101 et Mix Master Mike avec une paire de Technics SLB-200. Les platines Technics SL-1200 et le scratch ont dû attendre les Grammy Awards de 1984 pour se faire connaître du grand public. La performance du DJ Grand Mixer DXT et de Herbie Hancock sur le titre “Rock It” reste un moment d’anthologie électro/hip-hop. Ce fut également un déclic pour de nombreux futurs DJ’s, comme le génial QBert.
La SL-1200MK2, le game changer
Comment expliquer ce décalage de presque dix ans? Tout simplement parce que Technics n’avait pas la moindre idée de ce qu’il se tramait à New York et ailleurs. Leurs platines étaient conçues pour les radios, l’écoute de salon; jamais ils n’avaient imaginé que des DJ’s puissent se les approprier. La révélation ne viendra qu’en 1978, entre deux voyages aux Etats-Unis de Shuichi Obata. L’ingénieur en chef de la SL-1200 réalise que ses modèles équipent des clubs disco. Au même moment, les DJ’s hip-hop atteignent la maîtrise et grâce à eux, la marque Technics a déjà une notoriété chez l’Oncle Sam. En 1979, après plusieurs mois de développement, Technics sort la SL-1200MK2. Le design et l’ergonomie de la platine sont parfaits. Le contrôle de la vitesse (le pitch) se fait maintenant via un “slider” vertical situé à droite, bien plus pratique. Plus important encore, l’ajout du contrôle par quartz apporte une précision et une constance diabolique. Pour la première fois, on peut vraiment arrêter le disque à la main ou le ralentir comme on le veut, mais le plus impressionnant, c’est que celui-ci retrouve sa vitesse originale instantanément. En outre, la MK2 a été conçue comme un tank, elle peut encaisser presque tout sans broncher: des jets de bière, de la fumée, des secousses… Outil ultime pour le mix et sans rival, la MK2 va investir le Bronx dès le début des années 80, puis les clubs new-yorkais comme le Roxy ou le Broadway International, avant d’envahir le monde et accompagner naturellement l’émergence des musiques électroniques.
3.5 millions de modèles vendus
La SL-1200 n’a jamais vraiment changé ensuite, hormis des éditions limitées, la suppression du cran “0” du pitch (pour une meilleure précision) ou l’ajout du bouton “pitch reset”. Ce qui est incroyable, c’est qu’une platine soit restée le mètre étalon du mix pendant autant d’années. Car pour des générations de DJ’s, la SL-1200 était la seule chose qui comptait vraiment. Pour mixer dans une chambre d’adolescent ou au Rex Club, pas le choix, il fallait avoir une paire de SL-1200 (argentées) ou 1210 (les noires), et il fallait savoir s’en servir, point barre. Pour Christian Hoffmann, le patron du son au Tresor de Berlin, la raison d’une telle longévité est simple. « La plupart des DJ’s savent comment manipuler les Technics, ils savent également comment celles-ci réagissent. Ils connaissent ces machines par cœur. Par conséquent, ils ne voient pas l’utilité d’essayer de nouvelles platines vinyles qu’ils ne connaissent pas, même si, au final, l’utilisation est similaire », expliquait-il à Resident Advisor en 2015. Une forme d’ubiquité unique dans le domaine. D’ailleurs chaque genre a développé son propre art du mix, et dans la techno, Jeff Mills a fait preuve d’une virtuosité exceptionnelle avec ses mix à 3 platines. Jetez un œil et une oreille sur The Exhibitionnist, un documentaire sorti en 2004 et qui prouve que l’art du DJing ne s’arrête pas au scratch et aux tours de passe-passe.
Selon les chiffres officiels, plus de 3,5 millions de modèles ont été écoulés durant le règne de la SL-1200. C’est Pioneer, un autre géant japonais, qui mettra un terme à cette épopée dans les années 2000. Ses lecteurs CD de plus en plus perfectionnés finissent par convaincre une majorité de DJ’s pros, même hip-hop. Arriver avec une pochette (puis des clés USB et maintenant des cartes SD), plutôt que se traîner des kilos de disques avec en prime le risque de les égarer ou de se les faire voler? Leur choix est compréhensible, d’autant que beaucoup ont tenté de résister le plus longtemps possible aux sirènes digitales. Mais de toute façon, rien n’a résisté à la musique dématérialisée. Les DJ’s vont désormais sur Beatport (quand ils ne téléchargent pas illégalement des MP3), à la maison les contrôleurs ont remplacé les platines et dans les clubs les CDJ Nexus de Pioneer ont relégué les MK2 au fond de la cabine.
Absente des radars depuis 2012, la marque Technics faisait son grand retour en 2019 avec le nouveau modèle SL-1200 MK7 tandis que, du côté du marché du vinyle, les compteurs s’affolent. Et aux clubs de ressortir leurs MK2 des armoires pour satisfaire crate diggers de nouveau en vogue et DJs en herbe préférant troquer à l’impersonnalité supposée des clés usb le si fantasmé rapport charnel aux bonnes vieilles galettes…
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