L'histoire du métier de DJ
À l'origine, un Disc Jockey ou DJ est un animateur qui produit des effets sonores, avec sa voix et surtout, comme le terme anglais l'indique, avec une platine portant un disque 45 tours ou 33 tours. La dénomination s'est ensuite généralisée pour qualifier les musiciens des multiples courants de musique électronique, qu'ils soient créateurs originaux, joueurs interprètes, chanteurs ou conteurs accompagnateurs, arrangeurs pratiquant l'art du mixage et de l'enregistrement sur de multiples supports à codage analogique ou numérique.
Fred Rister, qui a débuté dans les années 1970 en discothèque, explique que « le seul et unique but du DJ : faire danser les gens le plus longtemps possible, les garder sur la piste afin qu'ils ne l'abandonnent que le temps d'aller se commander un verre supplémentaire » et ajoute qu'« il fallait deux qualités essentielles pour prétendre à ce métier : être d'une nature suffisamment solitaire pour ne manquer à personne et, surtout, avoir assez peu confiance en soi pour préférer faire danser les gens plutôt que de s'amuser parmi eux. ». Il précise qu'à ses débuts, il ne suffisait pas de passer des disques et qu'« on ne dissociait pas ce travail de celui de l'animateur de soirée, il fallait au DJ prendre la parole de temps en temps pour installer une ambiance. »
Origines du terme
Le terme original de DJ désigne la personne qui tient le microphone et intervient en direct sur la version instrumentale d'un disque (souvent en face B), dans les « sound systems » jamaïcains. Le deejay reggae est un artiste vocal au même titre que le chanteur. Son style vocal est un mélange de voix parlée, scandée et chantée et préfigure en cela celui du rappeur.
Les deejays ont été reconnus à partir de la fin des années 1960 comme des artistes vocaux à part entière (avec des couplets et refrains complets chantés sur une version instrumentale) à égalité avec les chanteurs et sont devenus hégémoniques dans le reggae (aujourd'hui, à peu près 70 % des artistes vocaux du reggae sont des deejays), et le public a également vu l'apparition du singjay (mélange de style deejay et de chant pur) au cours des années 1970. Le DJ travaillant derrière les platines est quant à lui nommé « selecter ».Le lien entre reggae et hip-hop s'est fait par l'intermédiaire de DJ Kool Herc, un Jamaïcain ayant émigré aux États-Unis et pionnier du hip-hop.
Historique,Préambule
La fonction de disque jockey en France trouve ses origines grâce à deux facteurs déterminants du xxe siècle : la création des premières radios vers la Première Guerre mondiale qui se développent dans les années 1930, puis la création de discothèquesb. Ces futures discothèques sont au départ des « dancings » datant de l'Occupation où les orchestres de jazz, chassés par les Allemands, sont remplacés par du matériel de diffusion. Après la Guerre, les deux types d'endroits cohabitent : ceux diffusant des disques et d'autres recevant un orchestre, dont les bals. La commercialisation de disques se développe peu à peu. Plusieurs lieux ouvrent par la suite où, avec des disques et deux platines, les morceaux sont enchainés les uns après les autres. Dans les années 1950, les dancings disparaissent peu à peu et sont remplacés par un mélange de bars, de restaurants ou de « clubs ». La musique y est de la responsabilité du « disquaire » qui ne s’appelle pas encore disc jockey. Appartenant « au monde de la nuit », ce n'est pas un métier noble : il n'a pas de statut, reste mal payé et mal considéré, un employé anonyme au même titre que les serveurs ou barmans : le métier n'est pas encore reconnu car « il ne permet pas d'en vivre et ne requiert pas de compétence particulière », même si déjà, il réalise parfois une performance et que certains essayent tant bien que mal de conserver le rythme dans leurs transitions, sans équipement réellement adapté.
En parallèle, le métier se développe à la radio dans les années 1950, grâce à l'influence des États-Unis : la musique prend de plus en plus de place dans la programmation. Les premières radios pirates lors de la décennie suivante vont mettre en exergue le rôle du « disc jockey-animateur » jusqu'à influencer les grandes radios nationales. Ceux-ci ne cherchent pas à enchainer les morceaux au rythme, ils annoncent et parlent durant la phase d'introduction de chaque morceau8,e. Les premiers jingles radiophoniques sont utilisés. Dans les années 1960, ces hommes de radio vont influencer les disquaires des discothèques jusque là muets. Dans les années qui vont suivre, deux types de disquaires vont cohabiter suivant les lieux : celui, technique, qui va enchainer les disques en parlant rarement au micro et le second plus centré sur l'animation. Mais progressivement, les simples enchaînements de titres deviennent un ensemble cohérent qui accompagne les danseurs.
C'est de l'autre côté de La Manche, en Angleterre, que le métier devient un peu reconnu vers la fin des années 1960 durant le Swinging London, dans quelques boites branchées de la capitale britannique. Pourtant, à l'aube de la décennie suivante, la fonction reste encore à l'état de balbutiements. Le disquaire est parfois relégué dans une cabine sans prise directe avec les danseurs. Mais les choses changent sensiblement dès le milieu des années 1970 avec certains tels Guy Cuevas ou Yannick Chevalier plus largement reconnus en France. Des écoles, des salons voient le jour ainsi que des magazines, beaucoup de discothèques s'équipent de « sonos plus performantes ». Le « disquaire » devient « disc jockey ».
Du disco au hip-hop
À la fin des années 1970, un ensemble de facteurs tant musicaux que sociaux et techniques (évolution du rock vers un style moins dansant, développement d'une musique soul plus dansante, amélioration des sound systems, libération des mœurs, besoin de reconnaissance de certaines minorités) aboutissent au développement aux États-Unis d'un mode de sortie et d'un style de musique qui sera finalement nommé disco. Les discothèques se multiplient et le métier de DJ évolue alors dans les lieux de sorties avec musique (bars, clubs).
Le DJ sera au centre de mouvement jusqu'au moment où, à la fin des années 1970, les maisons de disques et l'évolution de la société se chargent soit d'exploiter le filon disco puis de le rejeter une fois épuisé, soit de juger ce genre vide et décadent. Cependant, dans des clubs des quartiers noirs de New York où se joue et évolue le disco, des DJs observent les danseurs et constatent que certains d'entre eux se déchaînent en solo quand le titre marque un break. De ce constat naît la breakdance qui donnera naissance au hip-hop, dont l'idée vient de personnalités comme DJ Kool Herc qui, en enchaînant les breaks de plusieurs morceaux, parvenait à prolonger la durée des coupures rythmiques.
Avant que puisse être dupliquée par enregistrement cette répétition, la technicité demandée au DJ pour effectuer cet exercice s'est accrue. Progressivement, avec des artistes comme Grandmaster Flash, le deejaying prend alors un nouveau sens qui exprime l'idée que le DJ produit du son à partir d'un instrument, le disque, grâce à tout un ensemble de techniques nouvelles qui nécessitent une dextérité extrême. Le DJ passe ainsi du rôle de sélectionneur à celui d'artiste.
Arrivés aux années 1980, le domaine est maintenant une fonction effectuée par des professionnels, avec chacun leur style artistique, mais pour la grande majorité anonymes ; l'héritage des quelques DJ stars du disco, dont les habitués citent les noms, ne suffisant pas à en faire des personnes reconnues. La libéralisation des radios en France change la donne : en quelques années, le pouvoir que prennent ces radios imposent la programmation dans les discothèques ; le disc jockey conserve alors moins de liberté sur ses choix et les hit-parades marquent leur hégémonie. La France compte, vers cette époque, environ 20 000 disc jockeys dont un bon tiers non déclarés, le métier n'ayant toujours pas de réelle existence administrative. Outre quelque noms sortants du lot, pour une majeure partie de DJ cela consiste toujours à animer et diffuser, la fonction reste sans reconnaissance ni considération.
Lorsque la house arrive en France, les DJ sont pour la plupart timides avec ce style musical. Il faut attendre la déferlante de la French touch pour qu'enfin surgisse une génération de disc-jockeys-musiciens créant leurs propres compositions. La technique de mixage elle aussi évolue, où le simple enchainement de titres laisse place au turntablism.
Émergence du turntablism
Afrika Bambaataa Kool Herc est crédité comme le premier DJ qui mixe deux disques réglés sur le même BPM, faisant ainsi une transition appelée de nos jours calage tempo. Par la suite, cette pratique se développe dans le Bronx notamment grâce à la culture Zulu Nation du milieu des années 1970.
Au début des années 1980 vient ensuite le scratch, inventé par Grand Wizzard Theodore (en). Cette manipulation révolutionnaire du disque est largement popularisée en 1983 par Grand Mixer DXT et Herbie Hancock dans le titre Rockit. Après 10 ans d'amélioration des techniques de scratch, le terme de Turntablism est finalement proposé par DJ Babu en 1995 pour décrire cette pratique.
Déferlante techno
Jusque là le plus souvent exclusifs à un lieu, les disc jockeys avec un peu de notoriété deviennent de plus en plus indépendants, changeant de discothèque et de pays. Le nom de certains apparait sur les flyers, marque de reconnaissance encore rare au début des années 1990. Après le déclin des raves au milieu des la décennie, une grande majorité de clubs et de disc jockeys se sont convertis à la musique électronique.
Fonctions
Dans des bars et dans les fêtes techno ou les rave parties.Il peut simplement enchaîner les morceaux de musique les uns après les autres en fonction des envies des auditeurs. Il peut aussi modifier ou superposer deux musiques, ou une musique et une version a cappella, et faire preuve de créativité et d'ingéniosité, voire utiliser des équipements spéciaux ou des ordinateurs pour refondre entièrement le morceau utilisé. Dans le milieu du « DJing », cette technique est connue sous le nom de « bootleg » ou encore de « mashup » ou « medley ».
L'animateur DJ de soirée privée comme le mariage ne peut pas être considéré comme un artiste du spectacle. Par contre, depuis fin 2015, le DJ ayant une activité en discothèque est considéré comme un « pourvoyeur de spectacle vivant » grâce à une loi votée par les députés français. Il peut à ce titre prétendre au statut d'intermittent du spectacle pour autant que le lieu qui les reçoit cotise en conséquence.